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Défenseur de longue date de l’instauration de la proportionnelle aux élections législatives, François Bayrou considère que la crise politique actuelle lui donne raison, en mettant en lumière les limites du mode de scrutin actuel, uninominal majoritaire à deux tours. Rappelant que cette mesure était une des conditions de son alliance avec Emmanuel Macron en 2017, ce proche du chef de l’Etat propose de faire adopter ce changement de la loi électorale par le biais d’un référendum.
En grande partie, oui. Cette loi électorale oblige des gens qui n’ont rien en commun, dont les orientations politiques et philosophiques sont opposées, à se mettre ensemble artificiellement pour additionner les voix. D’autre part, le scrutin majoritaire oblige au conflit. Il est plus rentable électoralement de désigner un ennemi et d’en faire l’adversaire à abattre. L’affrontement et l’antagonisme simplistes sont plus payants qu’une démarche constructive. Les « salauds » d’un côté et les « purs » de l’autre et tout accord est interdit. Blocage programmé.
La loi électorale proportionnelle est juste, et de surcroît elle crée un paysage politique nouveau. Chacun se présente sous ses propres couleurs, c’est une démarche plus authentique et qui oblige à creuser ses propres idées. Dès l’instant qu’on franchit la barre mettons de 5 %, on est assuré d’un groupe parlementaire représentatif. Mais chacun sait bien qu’il n’obtiendra pas la majorité à lui tout seul. On est donc obligé de regarder ses concurrents pas seulement comme des adversaires, mais comme de potentiels partenaires. On sait avant même le résultat qu’il faudra composer. Ça change tout. J’ajoute que la situation d’aujourd’hui est assez drôle. Pendant des décennies, les tenants du scrutin majoritaire ont expliqué doctement que c’était le seul moyen d’obtenir des majorités. Et le résultat, nous l’avons sous les yeux : une Assemblée plus explosée qu’elle ne l’a jamais été. Leur thèse est devenue insoutenable.
Le mode de scrutin façonne les esprits, non pas pour une seule élection, mais pour longtemps. Même dans une Assemblée devenue aussi diverse et donc obligée au compromis, subsistent les réflexes majoritaires, clanisme, caricature et détestation de ses concurrents. Mais je constate tous les jours que cette idée de proportionnelle est aujourd’hui dans tous les esprits. Elle est la seule perspective crédible pour normaliser le pluralisme. Elle oblige toutes les forces politiques à reconnaître la légitimité, y compris de leurs adversaires. Il est désormais inéluctable, et heureusement, que cette idée fasse son chemin.
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